Le Conseil œcuménique des Eglises a été fondé en 1948 par les représentants de 147 Eglises réunis à Amsterdam. Il se définit comme « une communauté fraternelle d’Eglises » ayant pour but l’unité des chrétiens. Il est issu de deux mouvements œcuméniques : Foi et constitution (Faith and Order), qui tient sa première conférence à Lausanne en 1927, avec pour vocation de traiter les questions doctrinales divisant les Eglises, et Christianisme pratique (Life and Work) qui, dès 1925, œuvre à favoriser leur collaboration dans le domaine de l’action sociale. Leur union déjà amorcée en 1938 mais ajournée du fait de la Seconde Guerre mondiale, rejoint l’appel lancé en 1920 par le Patriarcat œcuménique de Constantinople pour la création d’une « Société des Églises ».
Le COE, à l’origine profondément ancré dans le contexte historique et religieux européen (après la Deuxième Guerre mondiale, le Conseil encouragea ses Eglises membres à agir pour les réfugiés, les migrants et les pauvres ; durant la Guerre froide, le centre servit de lieu de rencontre pour le dialogue entre l’Est et l’Ouest) a progressivement évolué vers une plus grande représentativité des différents chrétiens du monde.
Il rassemble aujourd’hui 345 Eglises appartenant à un grand nombre de courants chrétiens (à l’exception de l’Eglise catholique romaine, de certaines Eglises pentecôtistes et évangéliques). On y trouve la plupart des Eglises orthodoxes, les Eglises vieilles-catholiques, anglicanes, baptistes, luthériennes, réformées, méthodistes, des Eglises issues des traditions mennonites et congrégationalistes, et des Eglises indépendantes. Plus d’un quart se trouvent en Afrique, 23% en Europe, 27% en Asie et en Océanie, 20% environ sur le continent américain.
La ligne du COE est définie par une Assemblée qui se réunit tous les huit ans et à laquelle chaque Eglise envoie des représentants proportionnellement au nombre de ses baptisés. Le Comité central est le principal organe de décision du COE entre deux Assemblées. Il est chargé de mettre en œuvre leurs directives et compte 150 membres qui se réunissent tous les deux ans. Les actions du COE vont dans le sens d’un soutien aux initiatives et à la formation œcuméniques, d’un dialogue interreligieux, d’un engagement social, et d’un engagement missionnaire.
La chapelle est le lieu où se rassemble le personnel du Centre œcuménique pour les célébrations hebdomadaires (les lundis) et la prière quotidienne. Ces réunions ont la particularité d’être multilingues (essentiellement en anglais, la langue de travail au COE, mais aussi dans les diverses langues parlées par les employés).
L’architecte de la chapelle, Eric Møller, et le décorateur Knud Lollesgaard, tous deux Danois, ont réussi le tour de force de créer un lieu de culte « œcuménique », accueillant pour les fidèles de tous les courants chrétiens. Pour cela, Eric Møller rompt avec l’architecture traditionnelle des églises. L’édifice, de verre et de béton, évoque la forme d’une tente abritant les chrétiens sur le chemin de l’unité. La disposition des fidèles, non pas face à l’officiant mais autour de lui, suggère également leur communion puisqu’ils convergent vers la croix et la Bible réunies par l’autel. Y afflue aussi l’eau du baptême, autre élément commun à tous les chrétiens, qui coule symboliquement au sol depuis l’entrée, où elle semble s’échapper d’une mosaïque figurant le baptême de Jésus.
L’autel est délimité par une cloison de bois, copie d’une iconostase du 4e siècle offerte par l’Eglise orthodoxe de Grèce, et par un ciel suspendu de verre et de bois. Elément central de la décoration intérieure, le bois habille aussi les parois de la chapelle sous la forme d’un treillis diffusant une lumière tamisée. Il participe à la volonté de Knud Lollesgaard de reproduire un environnement naturel auquel les vitraux, par leurs couleurs et motifs concourent aussi. Ceux-ci représentent un lever et un coucher de soleil rassemblant symboliquement les chrétiens du monde entier.
Le Centre œcuménique a été conçu au début des années 1960 par les frères Honegger et Henri Lesemann, architectes genevois de renom. Il abrite le siège du COE mais aussi de la Fédération luthérienne mondiale et de la Conférence des Eglises européennes. Il se situe dans le quartier des organisations internationales, près de l’ONU (Organisation des Nations Unies), du BIT (Bureau International du Travail) ou de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Son plan dessine quatre ailes accueillant des bureaux et qui s’articulent autour d’un bloc central abritant le hall d’entrée, la chapelle et la salle de conférence. A l’arrière du centre se trouvent les archives. Une vaste parcelle arborée sert d’écrin à cet ensemble. L’entrée se veut à l’image du mouvement œcuménique, symbole de partage et de diversité, et expose des objets venant d’Eglises de nombreux pays.
Le terme fait référence aux élans impulsés par divers groupes ou Eglises pour l’unité des chrétiens. Ce mouvement, dont les prémisses remontent au 19e siècle, est d’abord circonscrit au monde protestant qui a la particularité d’être constellé d’un grand nombre d’Eglises indépendantes (luthériennes, calvinistes, baptistes, méthodistes, évangéliques, …). 1910, date de la création à Edimbourg du Conseil international des Missions (un organe visant une meilleure coordination des différentes dénominations protestantes dans leurs entreprises missionnaires), marque le point de départ symbolique du mouvement œcuménique. Celui-ci s’élargit aux chrétiens d’autres confessions après la Première Guerre mondiale dans le contexte troublé, pour les chrétiens orthodoxes, de la chute de l’Empire ottoman et de la révolution soviétique. Deux organisations rassemblant des protestants et des orthodoxes naissent alors : Christianisme pratique et Foi et Constitution. Le concile Vatican II, convoqué en 1959 par le pape Jean XXIII, constitue les premiers pas officiels de l’Eglise catholique vers cet élan (les initiatives individuelles prises par des abbés, des théologiens ou des religieux, sont, elles, bien plus anciennes). Ils se sont concrétisés par des dialogues bilatéraux avec différentes Eglises et des relations de travail avec le COE mais pas par l’acquisition du statut de membre auprès de ce dernier.