Si les mots « religion » ou « spirituel » font partie de notre vocabulaire quotidien, il n’en reste pas moins nécessaire de préciser le sens que nous avons donné à ces termes. Cela permettra de comprendre la logique qui a déterminé la prise en compte des communautés recensées dans le cadre de ce projet. En effet, ce qui est religieux pour certains ne l’est pas aux yeux de tous. Les sociologues, anthropologues et historiens des religions ont eux-mêmes proposé de très nombreuses définitions de ces notions sans parvenir à un consensus.

Le religieux – la religion, les religions

Dans le cadre de ce projet, nous considérons les religions comme des ensembles de croyances, de rites, de pratiques et de règles morales qui constituent, pour leurs membres, des moyens d’entrer en relation avec des réalités suprahumaines et d’obtenir des réponses à des problèmes fondamentaux de la vie, à des questions sur l’origine du monde ou sur la finalité de l’existence.

Pour préciser cette idée :

Croyances : les croyances sont le fait d’une adhésion à des affirmations que l’on tient pour vraies ou vraisemblables. Cette adhésion relève de la conviction ; c’est pourquoi, dans le domaine religieux, on parle de convictions religieuses.

Rites : les rites sont des actions codifiées accomplies dans plusieurs buts : obtenir une information d’ordre divinatoire, avoir une incidence sur la nature (météo, guérison), provoquer un changement de statut social ou moral (les rites de passage) ou être entendu par des entités suprahumaines.

Pratiques : les pratiques religieuses renvoient plus généralement à la mise en application des prescriptions d’une religion. Transmises dans les textes ou de façon orale, ces règles – qui font l’objet d’interprétations – déterminent le comportement des membres d’une religion dans leurs interactions avec le sacré.

Les communautés religieuses/spirituelles

Nous entendons par communauté religieuse ou spirituelle un groupe de personnes qui partagent les mêmes croyances et se réunissent régulièrement dans le même lieu de culte. Au-delà de ce point commun, chaque communauté possède des caractéristiques propres. À Genève, elles peuvent réunir des personnes qui habitent le même quartier, parlent la même langue ou viennent d’une même région ou d’un même pays. Certaines communautés rassemblent des personnes du même sexe, ou qui partagent un handicap commun comme la communauté des sourds et malentendants. Selon les traditions religieuses, on parle de paroisse, de congrégation, d’assemblée, de confrérie, de sangha ou encore de loge. Les noms des communautés religieuses de Genève sont un véritable inventaire à la Prévert : noms de saints, de prophètes, de divinités, de dignitaires religieux, etc.

Religieux et spirituel, quelle différence ?

Nous utilisons deux adjectifs pour qualifier les communautés : « religieux » et « spirituel ». Si ces deux termes renvoient à des notions qui sont très proches, certains groupes réfutent néanmoins l’usage de l’adjectif religieux en ce qui les concerne et lui préfèrent le terme de spirituel. Ils souhaitent ainsi se distinguer du religieux qui, à leurs yeux, a pris une connotation négative en raison des nombreux conflits dont l’origine est attribuée aux religions ou encore de dérives survenues au sein d’institutions religieuses. Nous avons souhaité prendre en considération la façon dont ils se présentent.

→ POUR ALLER PLUS LOIN

CLEMENCE Valentine et VONLANTHEN Martine, Les religions et leurs pratiques en Suisse, Editions Loisirs et Pédagogie, 2013

BORGEAUD Philippe, Histoire des religions, Editions Infolio, 2013

AZRIA Régine et HERVIEU-LEGER Danièle (dir.), Dictionnaire des faits religieux, Presses universitaires de France, 2010

BAUMAN Martin et STOLZ Jörg (dir.), La nouvelle Suisse religieuse, Labor et Fides, 2009

Le site bilingue (fr-en) Religioscope informe et analyse les facteurs religieux dans le monde contemporain.