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Histoire à Genève

L’Eglise évangélique vietnamienne en Suisse possède actuellement des paroisses à Genève, Lausanne, Aarau, et Saint-Gall. S’y ajoutent des lieux de réunion pour des études bibliques à Fribourg et Zurich. La toute première paroisse de cette Eglise voit le jour à Bienne en 1982 à l’initiative du pasteur Triệu Thái Sơn. C’est également à cette époque qu’en collaboration avec le pasteur Nguyễn Công Huẩn, il fonde une paroisse à St-Gall. Tous deux sont aidés dans leur entreprise par M. Ngo Ba Tao qui deviendra pasteur de cette communauté en 1990. De 1988 à 1994, il ouvre une série de paroisses en Suisse romande et Suisse alémanique pour rassembler les Vietnamiens de confession chrétienne et de tendance évangélique qui habitent ces régions. Le premier culte à Genève est célébré en 1989 à la paroisse protestante de Châtelaine. En août 1993, il est décidé de réunir les paroisses de Suisse romande à Lausanne. A la demande des paroissiens genevois, le Conseil de paroisse décide néanmoins de revenir à Genève mais l’Eglise se heurte à la difficulté de trouver un nouveau lieu de culte. C’est chose faite en 2005 grâce à la paroisse protestante Servette-Vieusseux qui accepte de les accueillir. C’est à ce jour toujours à cet endroit que se réunit l’Eglise évangélique vietnamienne en Suisse.

Source :

Le pasteur de la communauté, Monsieur Ngo Ba Tao et son fils, Monsieur Trieu Minh Hai NGO.

Lieu de culte

Le temple protestant Servette-Vieusseux a été construit en 1970 à proximité de l’emplacement de l’ancien temple de la paroisse, démoli au moment de l’agrandissement de l’avenue Wendt. Il est l’œuvre des architectes Paul Marti et Henri Lesemann, lauréats d’un concours organisé par le conseil exécutif de la paroisse. Henri Lesemann a aussi réalisé le Centre œcuménique des Eglises, au Grand-Saconnex.

L’édifice de béton brut est égayé à l’intérieur par un mobilier en bois et des sculptures colorées.

Activités

La paroisse genevoise de l’Eglise évangélique vietnamienne en Suisse compte une quarantaine de personnes. Beaucoup sont arrivées dans le canton lors des deux principales vagues d’émigration de réfugiés vietnamiens, dans les années 1980 puis 1990 (période des boat people fuyant les conflits, les difficultés économiques et les pénuries alimentaires). Les cultes, en langue vietnamienne, ont lieu une fois par mois, le pasteur de la paroisse ayant aussi la charge des paroisses de Lausanne, Aarau et Saint-Gall. En dehors du culte mensuel, chaque paroisse voit ses fidèles se réunir deux fois par mois dans des groupes de maison. L’enseignement biblique pour les enfants se fait dans ces groupes, ou le dimanche avant le culte. Pour les adolescents et jeunes adultes, l’Eglise organise des activités récréatives et spirituelles, dont une retraite pour Pâques. Tous les paroissiens de Suisse se retrouvent également pour une retraite spirituelle lors de la fête de la Pentecôte.

L'évangélisme

L’évangélisme plonge ses racines dans les idées de la Réforme et dans différents mouvements qui en ont découlé en Europe entre le 16e et 18e siècle. Sans trop schématiser, on peut cerner son histoire en mentionnant six étapes clés :

La Réforme protestante

Elle se diffuse dans toute l’Europe au 16e siècle, portée par des théologiens comme Martin Luther en Allemagne, Ulrich Zwingli à Zurich et Jean Calvin à Genève, dans un égal désir de retour aux sources du christianisme. Ils sont à l’origine de différentes branches du protestantisme variant par leurs sensibilités théologiques mais se retrouvant sur cinq principes : le salut est accessible « par la foi seule, par la grâce seule, par l’Ecriture seule, par le Christ seul » et à Dieu seul est rendu gloire.

La réforme radicale et l’anabaptisme

Certains prédicateurs se démarquent en radicalisant les idées de la Réforme. Parmi eux, Konrad Grebel (±1498-1531). A Zurich, il rassemble autour de lui un groupe suivant les préceptes de Zwingli mais prônant l’instauration d’une communauté chrétienne « authentique » sur le modèle du Nouveau Testament et le baptême aux seuls chrétiens ayant fait ce choix de vie (donc à l’âge adulte). Cette dernière particularité leur valu le nom d’ « anabaptistes » (littéralement les « baptisés de nouveau »). Ce courant constitue, tant en Suisse qu’ailleurs, les racines profondes de l’évangélisme. Persécutés, la majorité des anabaptistes s’enfuit à l’étranger. Les mennonites et les amishs découlent de ce courant.

Le puritanisme

En Angleterre, l’Eglise, devenue anglicane en 1534, balance entre les idées de la Réforme et la foi catholique. Fin 16e siècle, émerge un mouvement d’inspiration protestante souhaitant « purifier » l’Eglise anglicane de ses oripeaux catholiques. Ce mouvement, dit puritain, est une autre source de l’évangélisme. Il  met notamment l’accent sur la conversion personnelle et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’entreprise échoue en Angleterre mais trouve un terreau fertile Outre-Atlantique, dans les colonies américaines, où le mouvement exercera une influence durable.

Le baptisme

Début 17e siècle, dans le sillage d’un prédicateur anglais en exil à Amsterdam, John Smyth, apparaît une nouvelle dénomination protestante, influencée notamment par l’anabaptisme, et qui prendra le nom de baptisme. Elle conserve le baptême du converti mais l’administre par immersion totale comme signe d’ensevelissement et de résurrection avec Jésus.

Le piétisme

A la même époque en Allemagne, apparaît une autre source importante de l’évangélisme, inspirée en partie du puritanisme anglais : le piétisme. Il se forme en réaction à l’intellectualisation de la théologie et aux dogmes figés. Le mouvement valorise l’expérience personnelle de la foi, sa pratique au quotidien (piété intense, zèle missionnaire) et insiste sur la nécessité d’une « conversion », vécue comme une nouvelle naissance. Au 18e siècle, dans la région allemande de la Saxe, cette tendance connaît une nouvelle vigueur avec les frères moraves, une communauté piétiste qui se fait connaître par son activité missionnaire. Ils auront une influence importante sur les mouvements de Réveil qui suivent.

Les mouvements de réveil

En Angleterre, le piétisme allemand inspire John Wesley (1703-1791) et George Whitefield (1714-1770), initiateurs du « grand réveil » qui marque le monde anglophone au 18e siècle (et de l’Eglise méthodiste). Les deux hommes désirent réveiller une Eglise anglicane jugée endormie et manquant de vitalité spirituelle. Le mouvement se répand en Angleterre et dans les colonies américaines porté par des prédicateurs suscitant des vagues de conversions et prêchant l’expérience directe de Dieu, une foi vivante et prosélyte. Ce sont les débuts formels de l’évangélisme moderne. Il y aura différents mouvements de réveil en Europe, non homogènes, mais insistant pour la plupart sur l’autorité de la Bible, le sacrifice de Jésus pour sauver l’humanité, la conversion du cœur et l’émotion religieuse. Ils ont suscité la création d’un grand nombre d’Eglises libres, d’œuvres caritatives et de sociétés missionnaires et bibliques. En 1846 est créée l’Alliance évangélique pour fédérer les chrétiens de tendance évangélique des différentes dénominations protestantes d’Europe occidentale.

La religiosité évangélique

L’Eglise évangélique vietnamienne en Suisse, comme toutes les Eglises évangéliques, met l’accent sur la conversion du cœur – l’engagement religieux personnel et intérieur à suivre le chemin de Dieu-,  la mort et de la résurrection de Jésus pour le salut de l’Homme, la centralité de la Bible, considérée comme inspirée, et le devoir de transmettre le message de Jésus, c’est-à-dire d’évangéliser.

Au sein de la mouvance évangélique, cette Eglise vietnamienne se rapproche de la tendance que les sociologues et historiens des religions appellent « centriste » ou « classique ». Cette tendance représente environ la moitié des évangéliques suisses. Ses protagonistes ont la particularité de s’engager dans la société, le dialogue intra-protestant (voire œcuménique) et peuvent admettre une interprétation historico-critique de la Bible.

Le Vietnam compte aujourd’hui deux Eglises protestantes officielles répondant toutes deux au nom d’Eglise évangélique du Nord et du Sud Vietnam (reconnue au Nord en 1958, au Sud, en 2001) et reconnaît parmi les autres Eglises issues du protestantisme des Eglises réformées, baptistes, mennonites, adventistes, pentecôtistes et diverses dénominations évangéliques.

Selon l’encyclopédie World Christian Database, en 2010, les chrétiens représentaient 8,46% de la population (parmi les chrétiens, 7,15 % sont catholiques et 1,30 % appartiennent à différentes dénominations protestantes).

 Indications bibliographiques :

BALMER, Randall, Encyclopedia of evangelicalism, Baylor University Press, 2004.

FAVRE, Olivier, Les Eglises évangéliques en Suisse, origines et identités, Labor et Fides, 2006.GORDON

MELTON, J., BAUMANN, Martin, Religions of the world, a comprehensive encyclopedia of beliefs and practices, vol. 4, ABC Clio, 2002.

LIVINGSTONE, E. A. (ed.), The Concise Oxford Dictionary of the Christian Church, Oxford University Press, 2006 (version online 2013).

MCDERMOTT, Gerald R. (ed.), The Oxford handbook of evangelical theology, Oxford University Press, 2010.

PATTE, Daniel (éd.), The Cambridge dictionary of Christianity, Cambridge University Press, 2010.

STOLZ, Jörg, BAUMANN, Martin, La nouvelle Suisse religieuse, risques et chances de sa diversité, Labor et Fidès, 2009.

STOLZ, Jörg, FAVRE, Olivier, GACHET, Caroline, BUCHARD, Emmanuelle, Le phénomène évangélique, analyse d’un milieu compétitif, Labor et Fides, 2013.

WILLAIME, Jean-Paul, « Le Vietnam au défi de la diversité protestante », dans : Religious Reconfigurations in Vietnam, Social Compass 57(3), 2010, p. 319-331.