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Histoire à Genève

L’association ATAOS a été créée en 2006 dans le but de regrouper des personnes intéressées par la pratique du taoïsme et de leur en faciliter l’approche et l’étude. Son fondateur est l’un des premiers européens à être devenu moine dans la tradition taoïste. C’est à la suite d’un accident de vélo en 2006 que, contraint à un mois de repos forcé, il créé l’association avec quelques amis pratiquant avec lui le Taiji quan (Prononcez « taichi chuan».).

L’association est aujourd’hui dans l’attente de la construction d’un centre taoïste important, près de Sainte-Croix (Yverdon-les-Bains), qui bénéficie de l’appui de l’Association taoïste chinoise (créée en 1957 à Pékin, cette association a pour vocation de fédérer les taoïstes de Chine et de les représenter officiellement). Ce centre, qui  aura à la fois une vocation religieuse et culturelle, se destine aux Chinois et à toute personne intéressée par le taoïsme. Il proposera une permanence spirituelle assurée par des moines et comportera un temple, une grande bibliothèque, des cabinets médicaux, des salles de consultation et des salles de pratique.

Sources :

Membres du groupe.

À Ecouter : Hautes Fréquences, émission du 3 novembre 2013, « Un temple suisse pour le Tao »,

Lieu de culte

Les activités ont lieu aux domiciles des membres.

 

Activités

L’association ATAOS compte une soixantaine de membres dont une majeure partie d’Européens mais aussi quelques Chinois. Ils invitent régulièrement des moines ou des intervenants laïcs à des retraites, des stages, des séminaires et des voyages pour approfondir leurs connaissances du taoïsme et de sa pratique. Une fois par mois, ils se retrouvent pour s’exercer aux daoyin et la méditation.

La plupart des membres de l’association fait partie de l’école Quanzhen (la voie de la « complétude de l’authentique »), une école taoïste fondée au 12e siècle et représentant aujourd’hui, en Chine continentale, le taoïsme monastique. L’école Quanzhen est représentée par une association nationale, vitrine officielle du taoïsme en Chine. Outre le développement monastique, cette école se caractérise par la pratique de l’alchimie intérieure (voir onglet « le taoïsme ») et la tendance à harmoniser les « trois enseignements » (taoïsme, bouddhisme et confucianisme) présents en Chine[1]. Elle regroupe sept courants principaux dont les plus célèbres sont  l’école Long Men (porte du dragon) et l’école Wudang (du nom de la montagne sacrée Wudang shan, berceau du Taiji quan).


 

[1] L’autre grand courant du taoïsme contemporain privilégie la transmission secrète de maître à disciple et non la voie monastique.

 

Le taoïsme

Le mot taoïsme renvoie en chinois à deux termes : Daojia, que l’on traduit souvent par « école (jia) de la Voie (Dao) » et Daojiao, « doctrine ou enseignement (jiao) de la Voie (Dao) ».

Le premier terme, Daojia, est plus ancien. Il fut utilisé à l’époque des Royaumes Combattants (480-220 avant notre ère) par les lettrés de la dynastie Han pour désigner un courant de pensée maniant le concept de « Dao[1]», concept retrouvé dans des écrits attribués à deux maîtres : Laozi (ou Lao Tseu) et Zhuang Zi (ou Tchouang Tseu). Ces derniers auraient vécu respectivement au 6e siècle et 4e siècle avant notre ère mais le premier n’est pas attesté historiquement. Ces textes véhiculent plusieurs idées façonnant la philosophie de ce courant : le Dao comme origine du ciel et de la terre, l’art du « non-agir » pour être en harmonie avec le cours naturel des choses, l’impossibilité de saisir l’absolu par le langage. L’école de la Voie, Daojia, se nourrit de pratiques et conceptions du monde largement partagées en Chine à cette époque : les pratiques de longévité, qui consistent à préserver les essences vitales (« nourrir le principe vital ») pour favoriser une longue vie (techniques de respiration, consommation de plantes médicinales, exercices physiques), les spéculations cosmologiques (sur le Yin et le Yang, les Cinq éléments, etc.) et le culte des Immortels*.

A partir du 2e siècle de notre ère, le taoïsme s’institutionnalisa. C’est cette forme de taoïsme que l’on désignera plus tard par le terme Daojiao. Un certain Zhang Daoling, investi selon la légende par Laozi lui-même, fonda la voie (Dao) des « 5 boisseaux de riz », qui deviendra peu après celle des « Maîtres célestes ». Il s’agissait d’une communauté organisée que l’on intégrait par initiation. A la faveur d’un affaiblissement du pouvoir impérial, le troisième maître, Zhang Lu, fonda une théocratie indépendante dans le Sichuan. Elle fut détruite par les Han et leurs successeurs mais le mouvement des Maîtres célestes se répandit dans toute la Chine créant des communautés, désormais sans but politique, et fondant des temples et des monastères.

Au fil des siècles, le taoïsme fut tantôt favorisé tantôt contré par le pouvoir impérial. De nombreux courants virent le jour mais les deux traditions les plus influentes, et ce jusqu’à aujourd’hui, furent l’école des Maîtres célestes et de la Complétude de l’authentique (Quanzhen). Cette dernière se ramifia en sept branches.

Au 19e et au 20e siècle, d’importants changements politiques affectèrent la pratique du taoïsme en Chine. Les dirigeants de la République, proclamée en 1912, puis ceux des régimes nationaliste (1927) et communiste (1949), considérèrent que pour faire face aux puissances impérialistes occidentales, il fallait faire table rase de l’organisation sociale traditionnelle, ce qui conduisit à différents épisodes de persécutions religieuses[2]. Au début des années 1980, le parti communiste chinois établit une politique de liberté religieuse conduisant à la restauration des sites religieux, au rétablissement des monastères et des ordinations monastiques. Depuis le taoïsme a connu un essor considérable, aux côtés d’autres religions en forte progression comme le christianisme ou le bouddhisme tibétain.


 

[1] Dao est la transcription officielle adoptée par la République Populaire de Chine (système pinyin) mais le terme Tao est plus connu en Europe occidentale.

[2] Ces trois régimes menèrent une vaste lutte contre les « superstitions », entrainant l’interdiction des fêtes, la destruction de temples, l’emprisonnement de prêtres. Cette lutte atteignit son paroxysme pendant la Révolution culturelle (1966-1976) où un nombre important de temples furent réaffectés à d’autres usages et les biens qu’ils contenaient, archives, livres, œuvres d’art, furent détruits.

Le Dao, la "Voie"

Le mot « taoïsme » désigne une réalité complexe couvrant une pluralité d’écoles, de doctrines, de figures célestes et de pratiques, enrichies et modifiées au fil des siècles au gré des évolutions sociales et historiques. Une idée cependant unit ces composantes : le Dao, la « Voie », à la fois l’Absolu, l’origine de toute chose et le chemin spirituel de l’adepte dont le but est de retourner vers cet Un primordial pour atteindre l’« immortalité » (la sortie du cycle de la vie et de la mort).

Laozi (ou Lao tseu), est considéré par l’ensemble des écoles taoïstes comme leur ancêtre commun et le fondateur de la religion. Si son existence historique n’est pas attestée, les premières traces archéologiques du livre qu’on lui attribue remontent à la fin du 4e siècle avant notre ère.  Selon la légende,  alors qu’il quittait la Chine pour mener une vie d’ermite, Laozi rencontra Yin Xi, le gardien de la passe de Hangu à la frontière occidentale du pays. Celui-ci convainc le « vieux maître » (c’est le sens de Laozi) de mettre son enseignement par écrit, ce qu’il fit en rédigeant le Daode jing (ou Tao te King), « livre de la Voie et de la Vertu ». L’ouvrage pose les bases philosophiques d’une religion établie plusieurs siècles après lui, encore vivace aujourd’hui, et prônant l’art du « non-agir » comme moyen d’accès au Dao.

Loin d’être inaction, la non-action est plutôt l’action réfléchie et adaptée, le fait de ne pas intervenir dans le cours naturel des choses, qui est une manifestation de ce principe primordial. La fusion avec le Dao, but ultime du taoïste, est recherchée dans la pratique par des méthodes variées de méditation, de visualisation et d’ascèse du corps et de l’esprit. Parmi elles, on peut citer les techniques de gymnastique thérapeutique (regroupées sous le terme daoyin), souvent combinées à des exercices respiratoires. Leur but est de favoriser une circulation harmonieuse du qi (Prononcez « chi ») le souffle dont dépend la vie.

Les méthodes alchimiques sont au centre de l’histoire taoïste et de cette recherche de fusion avec le Dao. L’alchimie opératoire visait à réaliser un élixir capable de conduire à l’immortalité en raffinant des éléments naturels (minéraux, métaux ou végétaux) par le feu. Il s’agissait de les ramener à l’état cosmogonique originel en sublimant par exemple le cinabre en mercure. Longtemps pratiquée par les chercheurs d’immortalité, elle disparut sous la dynastie des Ming (1368-1644), les élixirs ainsi fabriqués ayant conduit, sinon à l’immortalité, souvent à la mort. L’alchimie dite intérieure s’est développée parallèlement à l’alchimie opératoire puis de manière indépendante jusqu’à aujourd’hui. Elle reprend de façon symbolique l’idée du retour à un état originel obtenu par le raffinement d’ingrédients : ce sont désormais l’essence (jing), le souffle (qi), et l’esprit (shen) qu’il faut transformer intérieurement.

Au sein du taoïsme, les divinités sont multiples et s’inscrivent dans un panthéon hiérarchisé. Les Chinois s’adressent à elles pour obtenir soutien, protection, guérison ou succès dans leurs entreprises. Ils sont nombreux à se rendre également dans les monastères taoïstes pour y recevoir des conseils, des soins médicaux, des exorcismes ou célébrer des mariages.

Le taoïsme a partie liée avec le développement des arts martiaux et de la médecine chinoise, du fait d’influences réciproques et de maîtres taoïstes qui se sont intéressés à ces domaines.

 Indications bibliographiques :

BIANCHI, Ester, Le taoïsme, Fondements, courants, pratiques, Editions Hazan, coll. « Guide des Arts », 2010.

GOOSSAERT, Vincent, GYSS, Caroline, Le Taoïsme : la révélation continue, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », 2010.

KOHN, Livia (ed.), Daoïsm Handbook, Brill, 2000.

PAS, Julian F., Historical dictionary of Taoism, Historical Dictionaries of religions, Philosophies, and Mouvements, n°18, The Scarecrow Press, 1998.

PREGADIO Fabrizio (ed.), The encyclopedia of Taoism, Routledge, 2008.

ROBINET, Isabelle, Histoire du taoïsme : des origines au XIVe siècle , CNRS Editions, 2012.

ROBINET, Isabelle, Comprendre le Tao, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 2002.